« Vois-tu, si un poisson venait me trouver, moi, et me disait qu’il va partir en voyage, je lui demanderais : « Avec quel brochet ? »
N’est-ce pas : « projet », et non : « brochet » que vous voulez dire ? »
CARROLL : « Les aventures d’Alice au Pays des Merveilles » ch.10, p.152.

Période incendiée




Période incendiée

Consumée par la mise au pas du rythme

Grande phrase aux atours de princesse

Qu’inverse le souffle

Brûlis attisés

Carbonisation de pampilles et de pendeloques

Trames d’or

 

Mais période aussi

Ces brasiers d’un certain temps

Venus à l’heure ici et là

Le classique fanal escarpé au récif

Indifférent au  navire

Et qu’on dirait partie d’une terre de feu

Tout aussi glacée que l’autre

 

Mais période aussi

Dans ses atours de grande phrase

Trames et chaînes de lamé

La ligne qui monte dans les lignes et s’enroule on dirait

Mais non retombe de son propre poids

Ailes ouvertes d’oiseau plat

Dont l’œil de jais scintille carbonisé

 

Ode à l’élan des flammes

Brûlante de leur désir de brûler qui les brûle brûlant

Quand vient l’heure le moment qui tourne

Qui monte au récif indifférent

Envoi de flammèches en paquets

C’est autre chose qui brûle

Sur la terre  durcie  et sur la mer qui fond

 

Baleines et corsets, paniers et crinolines

Voiles des tissus tendus 

Jupes enjuponnées des détours ajourés de la grande phrase cassée net

Et jetée au feu du poème indifférent

Intraitable et têtu

Le choc d’une première fois

Dans l’impatience de la strophe en morceaux

 

Cycle des grandes brûleries

Telle terre et puis telle autre

On dit le continent bascule grands phares spontanés des foyers Limitrophes

Il dit un seul n’est pas un seul n’est pas un seul mais des millions

Des millions forment par ruse heureuse le seul

- Qui échappe au bûcher

 

Période aussi  partielle retombée majestueuse

Langue de terre calcinée dans la mer plate comme un oiseau

Ode qui dit

En lacérant les falbalas enjolivés des vieilles proses

Que des dispositions de parcelles brûlées

Espèrent les rassemblements

Sur les hauts récifs intraitables

 

Noire terre escarpée de carbone carbonisé

Fertile de cette poudre obscure

Sèche semence d’autres germes

Indifférente au navire qui tourne sa proue

Eventre sa cargaison qui essaime menu sur la mer plate comme un Oiseau

Ténèbres de sable d’où se lève la moisson foncée nourrissante

 

Ode aussi

Que ce soulèvement de mots cassé par la strophe indifférente

Dont l’incertain tracé

Défait l’ourlet des tours de jupes

Des pans, des panneaux, des rabats, des parements, des fronces

Pour mettre à plat les actes

Constitutifs des récifs intraitables soulevés

 

L’air asphyxié brûle brûlant

Mais quel zéphyr soudain se lève enfin qui adoucit

Et donne enfin un bol où respirer

Au seul - multiple de soi et des autres et plus encore

 Innombrable maintenant

Et que s’accomplit la multiplication du multiple rassemblé

Indifférent au navire qui fuit

 

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