On trouve aussi, dans la Postface de Danzig, à propos de Dickens,
une référence à l’existence de Dieu : «ah
non, ce n’est pas fin, la façon dont il amène la mort de Wilding, mais quand
elle arrive, il y a de quoi pleurer. Dickens
est une preuve de l’existence de Dieu. » Serait-ce une citation
cryptée du texte de Sciascià qui écrit, à propos de l’existence du crime
parfait : «Le fait qu’il ne puisse
pas ne pas y avoir de solution signifie également qu’il n’existe pas de crime
parfait et que, peut-être, il faut considérer l’existence – l’existant –comme
un crime parfait : comme preuve de l’existence de Dieu.»[1]
Dans sa Brève histoire du roman policier, Sciascià cite Hans Magnus
Enzensberger qui, dans Politique et
crime, revient sur la définition du mot
crime lui-même comme « homicide » :
« … et en cela le
« giallo » répond à la conscience
et à la notion populaire du crime comme homicide, et seulement
homicide : « le crime originel, le crime capital », dit
Enzensberger dans son intéressant Politique et crime – et nous nous référons à
la traduction française parue chez Gallimard - , « le
crime en soi ressort de la loi du talion », la peine de mort… ».
Voici l’intégralité du
passage du livre d’Enzensberger que Sciascià a utilisé:
«Bien qu’il soit relativement rare, le meurtre, dans la conscience
populaire, tient une position clef. C’est à travers son exemple que l’on
commence enfin à saisir ce qu’est un crime.
Les romans et les films policiers, reflets de cette conscience populaire,
confirment que l’assassinat occupe la place centrale : mieux, qu’il est
pour ainsi dire confondu avec la notion du crime.
Que le meurtre soit le crime originel, le crime capital, le crime en soi,
ressort de la loi du talion et du châtiment qu’elle préconise : cette
punition, la plus ancienne, la plus radicale et, jusque très tard dans le Moyen
Age, la punition fondamentale, c’est-à-dire la peine de mort, présuppose ce
qu’elle veut faire payer : le meurtre. » [2]
suite
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[1] Léonardo
Sciascia, Brève histoire du roman
policier, in Mots croisés, Fayard,
Paris 1985, p.p. 264-265.
[2] Hans
Magnus Enzensberger, Politique et crime, Tel
Gallimard, n°378, Paris, 1967, p. 8. 9.
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