« Vois-tu, si un poisson venait me trouver, moi, et me disait qu’il va partir en voyage, je lui demanderais : « Avec quel brochet ? »
N’est-ce pas : « projet », et non : « brochet » que vous voulez dire ? »
CARROLL : « Les aventures d’Alice au Pays des Merveilles » ch.10, p.152.

Le Roman de la théorie. 3.



Au point où nous en sommes arrivés de l’illusion de la profondeur et du mouvement, où la vue chemine sans se reconnaître, il arrive, parfois, qu’une rencontre advienne, qu’un souvenir revienne et nous croise dans ce système, un ciné-roman qui est à la fois, inextricablement, pratique et théorie, théorie du roman/du film, et film/roman de la théorie,  voulus comme tels.

Ainsi commence, dans L’Année dernière à Marienbad, d’Alain Robbe-Grillet et Alain Resnais, la prolifération du roman du roman ou du  film du film:

            « Puis, progressivement, les encadrements se transforment, s’épaississent, s’ornent de fioritures diverses »… « Le couloir-galerie pourra comporter de portes latérales (fermées), des colonnes et fausses colonnes, des ouvertures sur de longs couloirs transversaux»… « Si un trajet rectiligne aussi long est impossible, il sera remplacé par une succession labyrinthique de couloirs et de salons … »

            … et ce que dit, proliférante elle aussi, la « Voix de X » : « … où les pas de celui qui s’avance sont absorbés par des tapis si lourds, si épais, qu’aucun bruit de pas  ne parvient à sa propre oreille, comme si l’oreille elle-même de celui qui s’avance, une fois de plus, le long de ces couloirs, - à travers ces salons, ces galeries, dans cette construction d’un autre siècle, cet hôtel immense, luxueux, baroque,  - lugubre, où des couloirs succèdent aux couloirs […] comme si l’oreille elle-même était très loin […] de cette frise compliquée qui court sous le plafond, avec ses rameaux et ses guirlandes… »

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