« Vois-tu, si un poisson venait me trouver, moi, et me disait qu’il va partir en voyage, je lui demanderais : « Avec quel brochet ? »
N’est-ce pas : « projet », et non : « brochet » que vous voulez dire ? »
CARROLL : « Les aventures d’Alice au Pays des Merveilles » ch.10, p.152.

La Solitude du soleil

 
A propos d’une photographie intitulée : « La Solitude du soleil ».

 


 

 

  


 

Quelle meilleure solitude pour le soleil

Qu’un arbre

Que l’ombre verticale aérienne d’un arbre

Que son ombre complexe tant s’y entrecroisent les rames et rameaux

Tant les feuilles multiples filtrent ses gloires et projettent ses ombres de leurs ombres de leurs ombres…

Quand le point de vue

Ajuste l’astre aux ramages en ombres

Le place ainsi à l’abri mesuré de ses rayons

Dans cette coïncidence calculée comme l’heure précise qui vient maintenant là-haut

Ajustée par le regard précis qui superpose deux solitudes : la rayonnante et l’opaque

Pour n’en faire qu’une dans l’illusion l’ablation d’une distance illimitée

Comme il se doit pour toute poésie fictive architecte de lieux improbables qui fait de la lumière une ombre et de l’ombre une transparence qui aveugle

Balancement fixé à la seconde et moins

Immobilité du mouvement immobilisé

Qui vibre au bord du flou des feuilles amoindries de n’être qu’une découpe mince aux limites de la solitude du soleil qui trace – dentelé – ainsi ses bords irréguliers et multiples menus créneaux allégoriques de la solitude elle-même cette fois


Rayons noirs tachetés de feuilles

Pudiques éventails protégeant le resserrement des gloires

Du soleil enfin seul dans sa leçon de modestie sans mesure

Taché comme un guépard dressé  

 Son propre emblème indéchiffrable.

 

12/09/09

 


 

 

 

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