« Vois-tu, si un poisson venait me trouver, moi, et me disait qu’il va partir en voyage, je lui demanderais : « Avec quel brochet ? »
N’est-ce pas : « projet », et non : « brochet » que vous voulez dire ? »
CARROLL : « Les aventures d’Alice au Pays des Merveilles » ch.10, p.152.

Un Chant d'après-midi



 

Son chant était le gargouillis atténué d’un oiseau inhalé et retenu dans la zone obscure où l’air glisse ou ingéré par un estomac capitonné dont le confort assourdit les trilles et les roulades ou d’un oiseau en-allé qui revient en partie par le chant lointain qui lui survit s’affaiblissant dans les ondes mêmes  du gazouillis quelle surdité soudaine l’affaiblit en lui gardant sa virtuosité un peu éteinte étouffée ou d’un oiseau attentif qui ne trouble pas la quiétude des jardins et retient son chant dans son intensité mais non dans sa complexité de niveaux et de styles faiblesse paradoxale qui attire l’attention du lecteur pourtant croyait-on parti ailleurs aussi silencieux détourné alors de sa rêveuse lecture par le chant de l’oiseau si faible qu’il est un appel torsions de gosier bec ouvert fixe acrobate grelot qui frémit tremble et tourne sur lui toupie sonore variable dans ses effets et ses grâces subtiles d’interprète instinctif perché qu’on ne voit pas mais dont l’orientation vient du haut derrière la palme qui faute d’air ne vibre pas dans un surplace parfois sonore aussi castagnette adoucie d’un seul élément chant d’oiseau sans accompagnement chant diffus diffusé d’en haut des ramages sourd de leur épaisseur composite de superpositions aérées d’essences diverses cachant l’oiseau chanteur abrité source invisible d’un tissu sonore de séquences reprises puis tues. 
 
 

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