« Vois-tu, si un poisson venait me trouver, moi, et me disait qu’il va partir en voyage, je lui demanderais : « Avec quel brochet ? »
N’est-ce pas : « projet », et non : « brochet » que vous voulez dire ? »
CARROLL : « Les aventures d’Alice au Pays des Merveilles » ch.10, p.152.

La Famille Tenenbaum. 1.


La splendeur des Tenenbaum

A propos du film de Wes Anderson La Famille Tenenbaum (The Royal Tenenbaums, 2001)[1].


C’est   d’abord l’invention qui caractérise  ce film (et le cinéma de Wes Anderson en général) : une invention continue, exubérante, proliférante, souvent réjouissante, d’une cérébralité labyrinthique.

Elle est au service de la modélisation cinématographique d’une famille : non pas une famille-modèle – si tant est qu’il en existe – mais un modèle de famille, c’est-à-dire d’une structure exemplaire organisant des relations multiples, une modulation, un échantillonnage.

Le point commun entre le montage et le groupe familial c’est qu’ils sont des agencements de pièces rapportées.  La principale pièce rapportée de la famille Tenenbaum, c’est Margot, la fille adoptive, qui devient peu à peu le personnage central du film : «C’est ma fille adoptive», « tu n’es pas mon père », la distance est affirmée et maintenue.

  Autre pièce rapportée, Eli, le voisin d’en face, qui déclare, vers la fin du film : « J’ai toujours voulu être un Tenenbaum », ce à quoi Royan Tenenbaum, fidèle à son narcissisme dévastateur, répond : « Moi aussi… Moi aussi ! ». Eli ajoute, énigmatique, avant de s’enfuir : « Mais maintenant ça n’a pas le même sens… ».

              Quels principes esthétiques règlent  cette modélisation, cet agencement ?






[1] Le titre de ce texte fait référence au film d’Orson Welles La Splendeur des Amberson (The Magnificent Ambersons, 1942), qui traite lui aussi des splendeurs et des misères d’une famille bourgeoise américaine. Les deux films, à soixante années de distance, abordent chacun à leur façon, le grand sujet du cinéma américain, qui irrigue tous les genres : la constitution – ou la reconstitution -  d’une famille.
brèves d'écran

La Photographie n'est pas la peinture

De la déception comme art du comble(ment)

La Désaffection


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